Dédoubler une unité trop nombreuse semble souvent être un challenge: comment seront répartis les jeunes? Y-aura-t-il suffisamment de chefs/cheftaines ? Comment se partager le matériel et les locaux ? La peuplade de Yerres en a fait l’expérience, et Martin, un des chefs, ne regrette absolument pas !
Pourquoi avez-vous souhaité dédoubler la peuplade ?
Avec 46 enfants dans l’unité, il y avait au moins 30 jeunes à chacune des rencontres, ce qui est très compliqué à gérer. L’ensemble de la maîtrise, 6 chefs et cheftaines, devait toujours être disponible et la qualité du scoutisme en faisait les frais : personne, y compris la maîtrise, ne connaissait les prénoms de tout le monde.
A la fin du premier trimestre, huit jeunes avaient même quitté l’unité, se sentant sans doute un peu perdus au milieu d’autant de monde. La question du dédoublement s’est donc imposée à nous. C’était un sujet de controverse dans le groupe et tout le monde n’était pas d’accord, mais ça devenait la seule solution viable. Nous avons donc pris la décision en plein milieu d’année, en janvier 2017.
Comment s’est passée cette étape ? Y-a-t-il eu des freins ?
La répartition des jeunes entre les deux unités est le moment le plus compliqué. Certains groupes choisissent de séparer les filles et les garçons pour que ce soit plus simple, mais nous, nous avons décidés de former deux peuplades mixtes.
Notre défi était alors de créer deux groupes équilibrés, avec tous les âges, à peu près le même nombre de filles et de garçons, tout en évitant de séparer les amitiés.
C’était un petit casse-tête. Nous avions deux autres craintes liées à la cohésion de groupe et aux éventuelles frustrations. Mais nous avons fait de cette décision un moment positif : nous avons fait un conseil de peuplade pour se choisir un nom, une charte, et repartir pour une nouvelle escapade.
Le dédoublement s’est fait de manière progressive tout au long de l’année, et nous avons choisi de faire le camp tous ensemble.
Comment les jeunes ont-ils vécu ce changement ?
La fin de l’année a été bien plus simple et les jeunes s’amusaient beaucoup plus. Pour le camp, nous nous sommes rassemblés en une seule peuplade de 30 jeunes et 5 chefs et cheftaines.
Lors de la rentrée, en septembre 2017, le dédoublement était déjà entré dans les mœurs du groupe et ne posait plus de problème. Pendant le camp groupé de l’été 2018, nous étions surpris de constater à quel point une forte identité de peuplade s’était créée en un an !
Notre prochain objectif : organiser un camp autonome l’été prochain. Nous avons déjà constaté tous ses bénéfices, notamment sur l’accompagnement individuel des jeunes.
Comment, en tant que chef, as-tu perçu ce changement ?
Nous sommes dans un bien meilleur état d’esprit : lors que nous avions, 46 inscrits, nous en arrivions à espérer que tout le monde ne vienne pas aux sorties ! Maintenant, les jeunes peuvent inviter leur ami. Nous sommes bien plus accueillants quand nous ne sommes pas saturés.
Nous sommes également plus disponibles pour les parents. Nous avons pu relancer individuellement et systématiquement par téléphone les parents des jeunes de milieux sociaux modestes qui avaient parfois du mal avec les mails. Nous n’aurions jamais pu faire cela sans le dédoublement.
Quel serait ton conseil à des chefs et cheftaines dans la même situation que ta peuplade en 2017 ?
Notre conseil aux chefs et cheftaines : si vous vous posez la question, foncez !
Et si vous ne vous la posez pas, prenez le temps de le faire. N’attendez pas d’avoir toutes les planètes alignées, toutes les cases cochées, et notamment la case « assez de chefs et cheftaines ». On n’a jamais assez de chefs et cheftaines a priori, ceux-ci viennent quand on a besoin d’eux et quand on les appelle.
Prenez la décision et donnez-vous les moyens d’y parvenir, jetez-vous à l’eau et ayez confiance !